Les nacres
Matière, couleur et aspect
Quand nous sommes contactés par un nouveau client qui a besoin de nacre, nous commençons par nous assurer que nous parlons de la même chose car il y a quantités d’espèces de nacre.
Certes la nacre blanche est la plus courante. Mais, il y a toutes sortes de nacres de couleurs très différentes et la « blanche » n’est qu’un terme commun mais très imprécis pour désigner l’espèce la plus utilisée en Occident depuis plusieurs siècles.
Avant de voir les principales espèces de nacres, essayons de mieux comprendre d’où vient sa beauté.
La Matière
La nacre vient de certaines espèces de coquillages de mer et d’eau douce.
Elle est constituée de molécules d’aragonite, une forme de carbonate de calcium, assemblée par un composé organique, la conchyoline. C’est donc un minéral fabriqué par un être vivant, un bio-minéral.
Le coquillage fabrique à l’aide de cellules spécialisées des molécules de nacre, qu’il dépose sur la coquille et parfois sur la perle quand les conditions de naissance d’une perle sont réunies. Ces cellules se trouvent dans le » manteau » de l’animal qui passent plusieurs fois par jour pour ajouter des « briques (aragonite) et du ciment (conchyoline) ».
C’est donc bien la même matière qui est utilisée pour fabriquer la coquille et la perle.
L’empilement des cristaux est différent suivant les familles de coquillages. Les Pinctadae vont donner une nacre dure et qui tient mieux que la nacre des Haliotidae (Abalone en anglais), plus friable.
La nacre des gastéropodes (Burgo) peut être amincie jusqu’à 0,1mm mais pas celle d’autres coquillages d’eau douce (Proptera Alata par exemple).
Le lapidaire, le graveur ou le bijoutier sentiront ces légères différences en travaillant et en tiendront compte dès la conception de leur projet.
Couleur et Aspect
Il faut distinguer trois phénomènes quand on regarde la nacre :
la couleur de fond, l’iridescence et les reflets
La couleur de fond
La couleur extérieur de la coquille brute (calcite) sous les concrétions calcaires extérieures :
- un motif noir et blanc pour la nacre de Tahiti, comme une pintade
- un motif kaki et blanc pour la nacre d’Australie
- un ton d’orange-rouge pour l’haliotide rouge etc
- des zones de couleur différente en lien avec les stries de croissance (ormeau)
La couleur extérieure de la coquille après meulage et polissage
La couleur de fond d’une coquille varie souvent sur un même coquillage :
- du blanc au jaune d’or pour la nacre d’Indonésie ;
- du blanc au noir pour la nacre de Tahiti ;
- du mauve au vert pour le paua de Nouvelle-Zélande, etc.
La couleur intérieure de la coquille après un léger nettoyage :
- du blanc avec un petit liseré jaune d’or vers la frange pour la nacre « gold »
- du blanc avec un petit liseré noir vers la frange pour la nacre « noire »
- du blanc au mauve pour la moule rose
- du mauve au vert pour le paua de Nouvelle-Zélande
L’iridescence
Iris est la déesse romaine de l’arc-en-ciel.
L’iridescence est le phénomène qui décompose la lumière en un arc-en-ciel. L’agencement des briques d’aragonite entraîne en effet une décomposition optique de la lumière dans les couleurs de l’arc-en-ciel, variable suivant l’angle d’incidence.
Ce phénomène est le plus spectaculaire de la nacre.
La chatoyance
En plus de la variation des couleurs de l’arc-en-ciel suivant l’angle d’incidence, on peut observer que les reflets, blancs, de la lumière reçue varient aussi suivant l’angle d’incidence.